Avant même de commencer mes études, je savais que je voulais travailler auprès des familles et des enfants. Après l’obtention de mon baccalauréat en nutrition, j’ai tout de suite été embauchée à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont avec l’espoir de faire un remplacement en pédiatrie générale. Comme la majorité des finissants, j’ai débuté ma pratique auprès des adultes dans tous les départements de maladies chroniques : diabète, cardiologie, néphrologie, etc. J’ai rencontré des familles touchantes et été témoin d’histoires déchirantes. Ce qui m’a marqué le plus, c’est l’âge de plusieurs patients et la confirmation des médecins que la clientèle rencontrée est de plus en plus jeune. J’ai réalisé que je voulais miser sur la prévention et que sans motivation, la tâche n’était pas facile avec les adultes.
Au cours de cette période de découragement, un remplacement à long terme en pédiatrie et obstétrique m’a finalement été proposé. La barre était haute, mais j’ai mis les bouchées doubles et triples. HOURRRAAAAAA ! Gastro à plusieurs reprises, rhumes à répétitions; mon système immunitaire a eu la vie difficile. L’équipe était géniale et les cas, tous différents : allergie aux protéines du lait de vache, reflux, constipation, refus de manger. Je me rappelle encore mon premier gavage aux soins intensifs… J’étais constamment en mode «challenge». J’y ai vécu mon plus gros coup de foudre professionnel et personnel (oui oui). Je ne comptais pas les heures de travail, de lectures et de formations. J’ADORAIS mon remplacement.
Je pus alors confirmer que la prévention devait se faire dès les premières bouchées de l’enfant, mais surtout auprès des parents. Un papa m’a si bien dit : «pour mon enfant, je ferai tous les changements nécessaires pour SA santé, même changer ma façon de faire». BOOM voilà! Je devais passer par l’enfant pour motiver l’adulte à améliorer ses habitudes alimentaires et permettre au petit de devenir un mangeur curieux et à l’écoute de ses besoins. Combien de fois ai-je entendu de futures mamans me dire «je mange mieux depuis que je suis enceinte» et vu des familles commencer à cuisiner lorsque bébé débutait l’introduction des aliments.
Mon premier remplacement tirant à sa fin, un autre en clinique externe pédiatrique m’a été proposé. Ce remplacement de 2 jours par semaine est devenu mon poste permanent puis mon poste à temps plein. L’animation de cours de groupe auprès des femmes enceintes et des familles s’est ajoutée aux consultations pour divers défis alimentaires. J’y suis restée 12 ans avant de démarrer l’entreprise NEP. Je travaillais avec une équipe extraordinaire d’infirmières et de pédiatres que je côtoie encore à ce jour. Il y a une parcelle d’eux dans chacune de mes interventions. Ils ont contribué à l’expérience que j’ai acquise en agrémentant mes connaissances de gros bon sens. Un enfant n’est pas un adulte en format miniature!
L’arrivée d’un enfant chamboule des habitudes ancrées et nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes. Guérie d’un trouble alimentaire, je sais trop bien que la relation avec la nourriture est précieuse et fragile. Nous pouvons contribuer à une saine relation dès les premières tétées et bouchées, malgré les défis qui vont parsemer le chemin. C’est le plus beau cadeau qu’un parent puisse offrir à son enfant.